Les agenceurs, les architectes, les fabricants et les clients sont soucieux d’aller vers des agencements intérieurs écoresponsables. De la fabrication au recyclage, cet article fait un point sur les différentes initiatives.
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Préserver les ressources, éviter le gaspillage, recycler : les professionnels de l’agencement intérieur sont de plus en plus soucieux de l’environnement. Cela se traduit par une mise en place, en amont, d’une production écoresponsable et verte, et en aval, par la récupération des matériaux des chantiers démantelés. Les maîtres-mots sont : utilisation de ressources renouvelables, recyclage et upcyclage des matériaux en cours de production et en fin de vie, logistique raisonnée, produits sans composants nocifs chimiques… Une révolution !
L’ensemble de la filière de l’agencement intérieur, des équipementiers aux organismes de récolte des meubles, en passant par les agenceurs eux-mêmes, sont de plus en plus concernés par la problématique environnementale. Ils le démontrent en mettant en place des systèmes de production et d’achat responsables, en utilisant des matériaux recyclables, en fabriquant sans déchets... De la machine à bois, à la fabrication des panneaux et des accessoires, en passant par la conception, la mise en place et le démantèlement des espaces, tout le monde est concerné. Loin du « green-washing » pratiqué par certaines entreprises, ces nouveaux systèmes de production sont la traduction d’un véritable engagement : ils représentent de fait des efforts importants en termes de réflexion et d’investissement financier.
Machines low impact
Le fabricant de machines Biesse édite tous les ans son rapport de développement durable
On peut citer en exemple le management environnemental pratiqué par le groupe Biesse, l’un des plus grands fabricants de machines pour le travail du bois, de la pierre et du verre. Celui-ci s’inspire des principes d’économie d’énergie et de réduction de l’impact des systèmes de production sur l’environnement. « Nous avons mis en place des actions pour un engagement constant en faveur de l’écologie tout au long du processus de fabrication des machines mais aussi, par la suite, lors de leur utilisation », expliquent les responsables du groupe.
Les chiffres sont éloquents : 100% de l’électricité achetée provient de sources renouvelables, avec garantie d’origine. Grâce à cela, le groupe rejette 4893 tonnes de CO2 en moins dans l’atmosphère. 16 500 m2 de panneaux photovoltaïques ont été installés dans les différents locaux du groupe, permettant, encore une fois, de faire l’économie de 560 tonnes de CO2. 90% des déchets de production sont non dangereux. Toutes les matières premières utilisées lors de la démonstration des machines sont recyclées, les produits finis réalisés lors de ces démonstrations réutilisés. Cette politique est appliquée également dans les bureaux où le papier et le matériel informatique sont recyclés, entre autres. Preuve de sa volonté de « mieux faire encore », l’entreprise publie son rapport développement durable tous les ans.
Systèmes d’ouverture économes
Panneaux photovoltaïques installés dans l’une des usines de Blum
Même son de cloche chez Blum. Le fabricant de charnières et de systèmes d’ouverture a toujours tenu compte de la problématique environnementale. L’Autriche est d’ailleurs très en avance sur ces questions par rapport à d’autres pays européens. « Parmi nos mesures techniques énergétiques, nous comptons depuis déjà des décennies avec un système de récupération de la chaleur issue des machines mais aussi avec l’isolation des bâtiments, les systèmes de régulation des chauffages, la géothermie ou encore l’optimisation de l’éclairage », notent les dirigeants de l’entreprise. De fait, depuis 2018, 100% de l’électricité consommée dans les usines de Blum est issue de l’énergie hydraulique. Et les progrès ne s’arrêtent pas. Exemple : Blum dispose d’un espace de stockage de 3500 m2 dans les locaux de sa filiale française. Les livraisons dans notre pays sont non seulement plus rapides, mais beaucoup plus écologiques !
Recycler le bois pour les panneaux
Pfleiderer propose des panneaux issus à 100% de bois recyclé.
Autrefois très consommateurs de « bon bois » et d’énergie lors de leur fabrication, les panneaux de particules mélaminés, matière de prédilection en agencement, sont désormais de plus en plus souvent éco-conçus. Le fabricant Pfleiderer par exemple est l’un des plus grands fabricants au monde pour les panneaux dérivés du bois. Et il a obtenu la précieuse certification Cradle to Cradle pour ses panneaux ! Littéralement « de berceau à berceau », cette certification garantit une production écoresponsable à tous les niveaux : conception, production, réutilisation. Une exigence dont le principe est zéro pollution et 100% réutilisé. « Nos panneaux mélaminés sont constitués de bois recyclé en provenance de mobilier et de palettes à 40%, de déchets de scierie à 40% et 20% de bois issus de bois tombés et d’éclaircies des forêts PEFC ou FSC dans un rayon ne dépassant pas les 300 km autour de nos usines. Nous sommes fiers de pouvoir dire que nous ne coupons aucun arbre pour la fabrication de nos panneaux, qui sont, bien sûr, 100% recyclables », s’exclament les responsables de Pfleiderer.
L’entreprise tient également compte de l’utilisation en aval de ces panneaux. Ceux-ci présentent un très faible taux d’émission de formaldéhyde, obtenu grâce à l’utilisation de colles non-nocives. Ce faible taux de formaldéhyde est garanti par la certification Blue Angel.
À propos des panneaux bois Pfleiderer, cet article illustre leur utilisation dans un hôtel.
Bandes de chant durables
Les bandes de chant Raukantex de Rehau.
Rehau est, de son côté, l’un des plus grands fabricants de bandes de chant en Europe. L’entreprise produit également des panneaux et d’autres produits dérivés de résines polymères. Même si cette spécialité complique la mise en place d’un processus de production vert, l’entreprise y est parvenue… En production, Rehau utilise de l’énergie verte, dont notamment l’électricité qui provient à 100% d’énergies renouvelables. Pour ce qui est des matières premières, les ressources renouvelables sont à l’ordre du jour. « Nos bandes de chant Raukantex sont composées de sources durables et de matériaux recyclés. Nos panneaux Rauvisio utilisent eux du bois PEFC et entre 79% à 92% de matières premières recyclables », notent les dirigeants. Plus d’éléments chimiques impropres et nocifs pour la santé comme les phtalates ou les métaux lourds pour les produits de cette entreprise qui les commercialise d’ailleurs avec un packaging recyclé et recyclable !
Une collecte sans perte
Tous ces produits ont le vent en poupe : les agenceurs sont en effet friands de fournitures durables, qui puissent être recyclées ou réutilisées d’une manière une d’une autre. Leurs clients, architectes ou particuliers, l’exigent ainsi : « Les architectes veulent des solutions écoresponsables. Ils doivent répondre à des exigences réglementaires très strictes. Et chez les particuliers, cela devient bien plus qu’une tendance. Parmi les critères de choix de leurs produits, le bio ou le vert arrive en deuxième place », note Christophe Gazel, le directeur de l’Institut de prospective et d’études de l’ameublement (IPEA).
Côté collecte, la filière de l’agencement n’est pas en reste. Elle compte notamment avec Valdelia, un éco-organisme agréé par le ministère de la transition écologique et solidaire, qui récupère les déchets d’agencement gratuitement. Ces déchets sont par la suite recyclés ou carrément upcyclés, c’est-à-dire, réutilisés sans transformation dans un autre chantier. L’éco-organisme a signé plusieurs partenariats avec des sociétés spécialisées dans cette réutilisation des éléments d’aménagement. Les progrès ne s’arrêtent pas et les agenceurs, fournisseurs et concepteurs peuvent sans doute apporter encore d’autres améliorations à leurs produits et à leur fabrication. Mais l’avenir est là qui se profile vert, ce n’est plus qu’une question de temps.