Des entreprises conscientes. Et exemplaires ! Loin d’être une mode, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est depuis bien longtemps au cœur des préoccupations des Équipementiers de l’Ameublement français. Leur leitmotiv ? Mesurer et améliorer constamment leur impact environnemental, sociétal et économique. Sans jamais subir les évolutions normatives, mais en étant moteur. La nouvelle version du projet Cohome, laboratoire de l’agencement, qui sera dévoilée début 2024, promet d’illustrer concrètement cette démarche forte. D’ici là, plusieurs Équipementiers nous livrent leur vision et les clés de cette ambition. Témoignages.
« Augmenter la proportion de bois recyclé dans la fabrication de nos panneaux »
Yann Colfaux est directeur de la prescription chez Pfleiderer
Quelle place occupe la RSE dans votre entreprise ?
Elle est bien évidemment majeure. Et pour une raison simple : nous fabriquons des panneaux à base de bois depuis 125 ans. Le développement durable fait donc partie intégrante de notre ADN. Toutefois, nous avons fortement accéléré sur la question depuis environ 5 ans, pour produire des panneaux de plus en plus écologiques et biosourcés. Notre objectif est d’atteindre sur l’ensemble de notre production zéro émission nette de CO2. Et ceci, le plus rapidement possible. Parallèlement, nous travaillons sur l’aspect environnemental, l’économie circulaire et le biosourcé de nos produits. Mais aussi sur l’aspect humain notamment à travers la volonté de former nos collaborateurs.
Concrètement, quels exemples illustrent vos actions en la matière ?
Dans notre stratégie de développement durable, nous avons défini des objectifs qui guident nos décisions au quotidien et dans le développement de nos nouveaux produits. Concernant les panneaux que nous fabriquons, nous voulons d’ici à 2 ans utiliser en moyenne au moins 10% de liant biosourcé pour l’ensemble de notre fabrication. Ceci afin d’avoir un impact direct sur nos émissions de CO2. En effet, nous visons d’ici à 2025 une réduction de 21% de nos émissions de scope 1 et de scope 2 (émissions directes et indirectes de C02 liées à la production, ndlr) par rapport à 2020, qui est l’année de référence. Nous avons aussi pour objectif de continuer à augmenter la proportion de bois recyclés en postconsommation dans nos panneaux issus par exemple de meubles en fin de vie. A ce sujet, nous avons obtenu il y a deux ans le label d’économie circulaire Cradle to Cradle. Enfin, notre politique environnementale globale a été récompensée par l’obtention de la médaille d’Or EcoVadis.
Quelle solution symbolise la démarche RSE de Pfleiderer ?
Notre nouveau panneau OrganicBoard PURE que nous lançons début 2024 est un très bon exemple de notre politique environnementale. Il est intégralement issu de l’économie circulaire. En étant fabriqué à 100% avec des bois recyclés en postconsommation. Et nous innovons encore plus en utilisant un liant biosourcé, OrganicGlue, qui nous permet de réduire considérablement l’impact carbone de ce panneau, tout en offrant une qualité de l’air intérieur incomparable à nos clients. Ce panneau est le fruit de plus de trois années de R&D et est unique sur le marché !
« La planète avant le profit, les personnes avant les produits »
Margot Usclade est responsable marketing & communication chez Rehau
A l’image de nombreux Équipementiers, la RSE et Rehau sont intimement liés… Comment ?
C’est vrai. En tant qu’entreprise familiale responsable et fabricant mondial de solutions à base de polymères, nous remplissons déjà depuis de nombreuses années les conditions requises pour faire des affaires de manière durable. Par exemple, nous réintégrons les déchets plastiques dans ses processus de production depuis les années 1950. Mais tout cela implique parfois de prendre des décisions difficiles qui placent la planète avant le profit, et les personnes avant les produits. En d’autres termes, nous avons et faisons de l’éco-responsabilité une de nos principales valeurs. Le principe d’économie circulaire reste un axe fondamental de notre développement depuis des années. Grâce à cela, Rehau a été désigné parmi les 50 leaders mondiaux du développement durable et du climat (50 Sustainability & Climate Leaders), tout en obtenant la médaille d’Or EcoVadis. De même, nous avons rejoint l’initiative du Pacte mondial des Nations unies (UN Global Compact) sur la responsabilité des entreprises et à ses principes en matière de droits de l’homme, de travail, d’environnement et de lutte contre la corruption.
Avez-vous des exemples d’actions concrètes ?
Bien sûr. Toutes nos usines européennes de bandes de chant sont alimentées à 100% par des sources d’énergie renouvelable. Nous avons aussi réduit nos émissions annuelles de 97 000 tonnes pour le CO2 entre 2018 et 2021. Notre consommation d’eau a été réduite d’un tiers en 10 ans, et depuis 2021, 65% de nos emballages sont fabriqués à partir de matériaux durables. Notre objectif ? Nous voulons dès 2025 être climatiquement neutres en ce qui concerne la consommation d’électricité (scope 2) et mettre en œuvre les premiers projets phares pour le scope 1 au sein du groupe. Enfin sur le volet social, nous intégrons par exemple des personnes en situation de handicap dans la fabrication de nos échantillons.
Quelle solution est emblématique de votre engagement RSE ?
Pour la division Rehau Interior Solutions, nous misons sur le polypropylène (PP), qui a un net avantage en termes d’empreinte carbone par rapport au polymère thermoplastique ABS : il génère 50% de CO2e/kg de moins que l’ABS. Ainsi, la bande de chant RAUKANTEX evo est basée à 100% sur des matières premières renouvelables, qui ne nécessitent pas de pétrole brut supplémentaire. Grâce à la certification ISCC PLUS, 100% des matières premières utilisées dans la production de PP sont d’origine non-fossile, mais issues de déchets provenant d’autres industries. Ce chant durable en polypropylène peut être mis en œuvre comme le « chant PP standard » actuel et présente les mêmes propriétés qualitatives. C’est une très belle solution !
« Optimiser la fabrication et le packaging d’un nouveau produit dès sa conception »
Marion Blanchet est responsable marketing et communication chez MSA France.
Quel rapport entretien MSA France avec la RSE ?
Pour nous aussi, les enjeux sociaux et environnementaux sont une préoccupation depuis de nombreuses années. Et bien avant l’apparition de la législation autour de la RSE ! À ce jour, MSA France est fière d’avoir mis en place des actions concernant 8 objectifs de développement durable, accompagnée dans ses démarches officielles depuis juin 2022 par l’expertise de l’Ameublement français dans ce domaine. C’est indispensable, et passionnant !
Quelles solutions vous permettent de répondre de façon pertinente à ces objectifs ?
Pour entrer dans le détail, cela fait plusieurs années que nos locaux sont équipés d’éclairages LED à 100%, afin d’améliorer le confort visuel et réduire les consommations énergétiques. Nos locaux, bureaux et dépôt, ont également connu des travaux d’isolation thermique. De plus, nos processus ont été optimisés, ce qui a permis de réduire de 75% le nombre de pages imprimées. Côté entrepôt, les anciens cartons sont réutilisés pour faire du calage, les lourdes palettes en bois ont été remplacées par des palettes en carton 10 fois plus légères, et l’ergonomie des postes de travail a été améliorée. Les matières non-réutilisables sont toutes recyclées. Enfin, notre bureau d’études s’attache à optimiser la fabrication et le packaging d’un nouveau produit dès sa conception, en bannissant par exemple les matières plastiques et le polystyrène. La quantité de carton est réduite à son plus stricte minimum.
Un exemple de solution incarnant votre engagement RSE ??
Un des exemples est notre gestion des différents salons professionnels auxquels nous participons tous les ans. En effet, nous réemployons systématique le mobilier, les moquettes, la décoration, et les produits exposés. Cela peut paraître une évidence, mais ce sont ces détails qui permettent aussi de faire la différence.
« Réduire les approvisionnements amont et restreindre la quantité des déchets en aval »
Cassandra Than est assistante marketing et commerciale de La Saônoise
Comment La Saônoise appréhende-t-elle les enjeux RSE actuels ?
La RSE est importante pour notre entreprise car elle est une demande forte de nos clients, et de nos parties prenantes. Plus aucune entreprise ne peut s’en passer. Pour nous, bien que des actions naturelles existaient déjà depuis un certain temps, nous sommes dans la phase de démarrage officiel de notre démarche RSE structurée, avec la création future d’un comité RSE. Le déploiement de cette démarche de La Saônoise arrivera ensuite dans un horizon proche.
Quelles actions concrètes vont être mises en œuvre ?
Depuis cet été, La Saônoise s’est engagée sur un parcours de formation avec le cabinet spécialisé RSM et l’accompagnement avec le groupe de l’Ameublement Français. Mais avant même ce plan d’action, nous évoluons depuis plusieurs années dans une démarche parallèle, en prenant en compte les enjeux environnementaux. Cela peut être nos approvisionnements en matière à base de bois durable certifié PEFC, ou encore l’utilisation de colle avec des taux d’émission de plus en plus faibles. D’autres actions sont en cours pour l’optimisation des emballages. L’objectif est de réduire les approvisionnements en amont et restreindre la quantité de traitement des déchets en aval.
« Évaluer tous nos fournisseurs en termes de droits de l’homme et de durabilité environnementale »
Anthony Glories est directeur général de Cosentino France
Disposez-vous d’indicateurs de suivi des sujets relatifs à la RSE ?
Absolument. Notre démarche en termes de responsabilité sociétale des entreprises est avancée. Nous avons chez Cosentino France différents indicateurs mensuels de performance liés aux questions suivantes : efficacité productive, économie circulaire, employés, communauté, intégration ESG et transparence, qui sont tous présentés dans un rapport de durabilité conformément à la loi 11/2018. Et nous sommes également audités ! Par ailleurs, nous calculons notre empreinte carbone depuis 2018 et nous nous sommes engagés à la réduire de 3,5% d’une année sur l’autre. Enfin, l’éducation est une grande préoccupation pour Cosentino, groupe mondial, espagnol et familial : nous collaborons avec le gouvernement d’Andalousie, au Sud de l’Espagne, pour fournir une double formation aux jeunes : une année dans une école et une autre à faire des stages chez nous. Le résultat ? 90% des étudiants continuent à travailler avec nous !
Comment votre politique RSE se concrétise-t-elle ?
Pour rappel, notre siège d’Almería en Espagne se trouve dans une zone désertique. L’eau y est donc très limitée. Grâce à notre système, nous pouvons réutiliser 99% de l’eau, le 1% restant étant perdu par évaporation. Depuis l’année dernière, pour compenser cette perte, nous disposons d’une « station de régénération de l’eau » qui nous fournit de l’eau régénérée provenant des villes voisines. Et l’énergie électrique consommée est 100 % renouvelable et certifiée. Dans le même temps, nous réduisons la consommation grâce à l’efficacité de la production. Pour vous donner un ordre d’idée, Cosentino a investi 37 millions d’euros dans des projets liés à la santé, à la sécurité et à l’environnement en 2022. Et concernant le sujet de bonne gouvernance d’entreprise, Cosentino évalue la performance de ses fournisseurs en termes de droits de l’homme et de durabilité environnementale, en introduisant de bonnes pratiques de durabilité tout au long de sa chaîne de valeur. C’est essentiel.
S’il fallait garder une seule de vos solutions qui illustre votre démarche, quelle serait-elle ?
Au global, nous avons pris des mesures pour l’ensemble de nos produits, notamment en augmentant le pourcentage de matériaux recyclés (à l’intérieur et à l’extérieur). Désormais, Cosentino propose des collections neutres en carbone pour Silestone (Sunlit Days) et Dekton. Enfin, l’un des piliers de la durabilité pour Cosentino est le recyclage et la réutilisation de tous les déchets générés tout au long du processus de production, en recherchant de nouvelles applications et de nouveaux produits dans lesquels les déchets peuvent être utilisés. Ce ne sont pas que des solutions du futur, elles sont disponibles dès aujourd’hui !
« 95% de nos employés sont en CDI : l’aspect sociétal de la RSE n’est jamais à négliger »
Marie Hirsch est responsable marketing chez Biesse France
Comment Biesse France s’approprie l’enjeu de la RSE ?
Les enjeux de RSE et de durabilité sont également importants pour Biesse. Le groupe s’engage à favoriser l’insertion des personnes en difficulté, à lutter contre les discriminations lors des recrutements, à favoriser la diversité et l’égalité des chances dans la politique de recrutement. Nous nous engageons aussi à être actif dans la prévention des risques professionnels – accidents, maladies professionnelles, risques psychosociaux, stress – et à promouvoir le bien-être et la qualité de vie au travail : ergonomie des locaux et du matériel, management à l’écoute. Le pilier sociétal de la RSE n’est jamais à négliger.
Comment vos engagements se concrétisent-ils, notamment dans la fabrication de vos solutions ?
Au niveau de nos usines et processus de fabrication, le groupe réalise 95% de ses achats auprès de fournisseurs locaux et a obtenu la certification ISO 9001 :2015. Au niveau environnemental, le groupe achète sur ses sites de production en Italie 100% de son électricité produite à partir de sources renouvelables avec garantie d’origine. Et a installé 16 500 mètres carrés de panneaux photovoltaïques. Cela représente une économie de 787 tonnes de CO2 au total. Le groupe Biesse a également acheté des certificats de garantie d’origine dans le but de réduire ses émissions de CO2. Enfin la gestion de nos déchets est fortement contrôlée et 93% des déchets sont non-dangereux.
Y-a-t-il un engagement qui incarne vos ambitions sur la RSE ?
Oui, 95% de nos salariés basés en France sont en CDI. Et 30% de l’effectif Biesse France est salarié depuis plus de 10 ans dans l’entreprise. L’alternance constitue également un moyen efficace de pallier les difficultés de recrutement, mais c’est aussi un choix qui fait sens en matière de responsabilité sociétale des entreprises. Chez Biesse France nous nous engageons fortement auprès de la jeunesse. Nous comptons quatre alternants cette année dans notre entreprise. De nombreux alternants ayant fait leur formation chez Biesse ces dernières années sont aujourd’hui salariés de l’entreprise. Et nous nous en réjouissons !
« Résistance dans le temps, recyclabilité, fabrication locale et écoresponsable, pour une empreinte carbone neutre en 2025 ! »
Marion Rigaud est responsable marketing de Blum France
Quelle importance revêt la RSE pour Blum ??
Blum considère sa Responsabilité Sociétale et Environnementale comme une mission : l’obligation d’évaluer et de réduire en permanence l’impact de nos activités sur l’environnement et l’engagement de mettre en place des actions concrètes servant le bien commun de la société. C’est le cas déjà depuis plusieurs décennies et souvent bien au-delà du cadre imposé par la législation. Dans nos activités quotidiennes, nous nous basons sur les 17 objectifs du développement durable des Nations unies et nous les prenons en compte dans notre vision de demain. Derrière la notion de durable, de nombreuses définitions sont possibles. Les critères les plus importants pour nous sont la résistance dans le temps, la recyclabilité, la fabrication écoresponsable ainsi que la fabrication locale.
En tant que membre fondateur de « turn-to-zero », une idée née de l’alliance pour la neutralité climatique du Vorarlberg – région autrichienne dans laquelle est implantée Blum – nous nous sommes en outre engagés à rendre notre empreinte carbone neutre à partir de 2025 !
Quelles sont vos actions concrètes ?
100% de l’électricité que nous consommons dans nos 8 usines du Vorarlberg proviennent de centrales hydroélectriques autrichiennes. Cette transition nous a permis de réduire de plus de 40% l’empreinte carbone totale de l’entreprise. Environ 95% des systèmes de ventilation sont équipés d’un récupérateur de chaleur. Au total, cela permet d’économiser 2,26 millions de mètres cubes de gaz naturel. De plus, nous utilisons le transport ferroviaire, grâce à notre propre embranchement à l’usine 7 de Dornbirn : nous avons pu acheminer près de 37% de nos livraisons par le rail au cours de l’exercice 2021/2022. Et puis enfin, nous avons aussi mis en place un système de primes pour les déplacements domicile-travail respectueux de l’environnement. Avant l’introduction de notre concept de mobilité, 38% de nos collègues utilisaient des moyens de transport durables. Aujourd’hui, ce chiffre est de 47% les jours de pointe.
Quel produit est emblématique de votre action en faveur de la RSE ?
Pour nous, le moyen le plus efficace de préserver les ressources est d’utiliser des matériaux recyclés. Aussi, la part d’acier recyclé utilisé s’élève aujourd’hui à 24% et tend à croître. L’acier est de loin la matière première la plus utilisée pour la fabrication des produits Blum, dont les tiroirs métalliques Légrabox ou Merivobox. L’usine de Bregenz en Autriche, où sont fabriqués ces deux produits, a été conçue et optimisée de façon à limiter son impact sur l’environnement. Une large variété d’herbes, de graminées et de mousses pousse sur le toit vert que nous avons installé. Son extension s’est faite en hauteur plutôt qu’en largeur afin de préserver les surfaces au sol. Enfin, nous avons doté l’usine d’un système interne de refroidissement par eau souterraine en circuit fermé pour nos installations de production, ce qui permet d’économiser 59 000 kWh d’électricité et 20 000 mètres cubes d’eau par an. Le transport des produits finis, vers le site où ils seront stockés puis ensuite expédiés vers les 120 marchés livrés par Blum, est réalisé par 13 camions-navettes, dont la moitié roulent déjà grâce au biogaz provenant du Vorarlberg. Par rapport aux camions diesel conventionnels, nous avons ainsi pu réduire la part de particules de suie de plus de 90%, ce qui émet environ 30 % d’oxydes d’azote en moins. La RSE n’a jamais été aussi concrète !