Ils imaginent, façonnent et conçoivent nos espaces de vie. Les architectes d’intérieur et les agenceurs sont prescripteurs-clés des solutions proposées par les fournisseurs que sont les Equipementiers de l’Ameublement français. Mais quel regard portent-ils sur COHOME BELLEVILLE CLUB, le projet de coliving imaginé par le groupement ? Ce lounge modulable conçu pour accueillir une trentaine d’habitants de tous horizons leur donne à voir de nouvelles perspectives en matière d’innovation, de design, de mutualisation des espaces… Et même de manières de travailler. Le tout dans un esprit collaboratif qui les inspire ! Témoignages.
« Il n’y a rien de plus riche que la co-élaboration »
Coralie Lemire dirige Lito Production, une entreprise d’agencement basée à Lyon et spécialisée dans les espaces résidentiels, culturels et professionnels. Depuis plus de 20 ans, son atelier propose de l’agencement haut-de-gamme. Coralie Lemire est aussi membre du Club des agenceurs Auvergne-Rhône-Alpes.
Comment percevez-vous le projet COHOME BELLEVILLE CLUB ?
Coralie Lemire : Je connaissais déjà certains des équipementiers. Et je pense que l’on n’est jamais aussi efficace qu’à plusieurs entreprises pour travailler ensemble et intégrer les solutions et les attentes des uns et des autres ! Il n’y a rien de plus riche que la co-élaboration. Par rapport à ce projet, en tant qu’agenceur, cela m’intéresse de connaître les innovations de ces différents acteurs. Je trouve très positif que les Équipementiers imaginent ce type de projets de cette manière, pour que les prescripteurs, les architectes puissent proposer ces innovations à leurs clients. Cela va nous permettre de donner des conseils et d’être force de proposition auprès de nos interlocuteurs.
En tant qu’agenceur justement, quels sont vos besoins en matière d’équipements ?
Coralie Lemire : J’ai surtout besoin de solutions innovantes adaptées à nos ateliers de fabrication en termes d’utilisation et d’usage de nos clients. De la part des Equipementiers, nous attendons donc de l’innovation, de la modularité, de l’adaptation mais également des solutions durables et respectueuses de l’environnement. Nous avons besoin de solutions efficaces. Si l’on prend l’exemple des luminaires, il nous faut des solutions d’éclairage discrètes, fonctionnelles, variables et faciles à intégrer dans nos mobiliers. Autant de solutions que nous retrouvons dans COHOME BELLEVILLE CLUB !
Quels aspects de COHOME BELLEVILLE CLUB retiennent votre attention ?
Coralie Lemire : Ce sont très certainement les espaces collectifs. D’ailleurs, notre valeur ajoutée, nous les agenceurs sur-mesure, ce sont les espaces collectifs. Ce qui est intéressant, ici, c’est d’avoir pensé le collectif collectivement. C’est la co-élaboration d’un espace collectif. C’est une approche semblable à la façon dont nous travaillons avec les architectes d’intérieur : nous sommes là pour les accompagner grâce à l’ingénierie de la réalisation des agencements que nous mettons en œuvre pour obtenir des pièces uniques qui collent au mieux au besoin de valorisation des biens immobiliers et aux besoins des usagers. Enfin, c’est aussi très intéressant de mutualiser les espaces de COHOME BELLEVILLE CLUB et de permettre un partage de ces espaces entre différentes générations ou entre des personnes qui ont des usages différents à des moments différents.
Quelle suite imaginez-vous à COHOME BELLEVILLE CLUB ?
Coralie Lemire : D’abord, je souhaite vraiment que ce projet continue de vivre et qu’il soit un maximum promu. Cette interaction entre équipementiers est vraiment un élément fort à mettre en avant, il faut le faire savoir ! Ensuite pour l’avenir, il faudrait que ce type de projet rentre dans la culture des rénovations et des créations d’espaces. C’est comme ça qu’économiquement, socialement et culturellement nous allons faire évoluer les lieux de vie.
« Nous aimerions qu’il y ait d’autres projets COHOME ! »
Cassandre Gambart est chargée de Design & Communication chez EMAB Agencement, entreprise familiale spécialisée dans l’agencement intérieur sur-mesure haut de gamme, située en région parisienne. EMAB accompagne ses clients depuis plus de 50 ans, de la conception à la réalisation de leurs projets intérieurs: hôtels, boutiques, résidences privées et sièges sociaux, dont de plus en plus d’espaces de coworking.
Quel regard portez-vous sur le projet COHOME BELLEVILLE CLUB, ce laboratoire de l’agencement ?
Cassandre Gambart : C’est passionnant. En termes d’agencement, le principe du coliving permet de donner accès à des prestations de qualité et à du sur-mesure à des personnes qui seules n’auraient pas les moyens d’y accéder. J’apprécie aussi de voir des groupements se former pour défendre des causes telles que l’environnement, la durabilité et le savoir-faire. Nous connaissons plusieurs membres du groupement des Équipementiers avec lesquels nous travaillons déjà. Pour COHOME BELLEVILLE CLUB, la démarche est vraiment intéressante. Je dirais même qu’Il faudrait que la chaîne soit complète, c’est-à-dire : depuis l’architecte qui imagine le projet à l’agenceur qui le réalise, pour qu’il y ait une forme de cohérence.
Pour vous, quels sont les points forts de COHOME BELLEVILLE CLUB ?
Cassandre Gambart : Dans un mode de vie en pleine mutation, beaucoup plus nomade que les générations précédentes, ce qui est particulièrement pertinent, ce sont les espaces collaboratifs et la flexibilité du lieu. Cela permet de rendre certains équipements accessibles à tous mais aussi de créer une cohésion intergénérationnelle et multiculturelle. On ne pourrait pas avoir ce lien social en louant un Airbnb ou une chambre d’hôtel. Et puis, en réalisant par exemple une grande cuisine plutôt que 30 petites, il est possible de penser un espace sur-mesure de qualité, durable, et bien équipé, ce qu’on voit immédiatement dans le projet. Et cela apporte une plus-value à tout le monde.
Ce projet répond-il à vos attentes ?
Cassandre Gambart : En tant qu’agenceur, nous attendons de nos fournisseurs – et donc des Equipementiers ! – qu’ils nous proposent de nouvelles solutions techniques. Par exemple, pour la quincaillerie, ce sont tous les nouveaux systèmes d’assemblage, des systèmes plus durables. Avec COHOME BELLEVILLE CLUB, nous sommes totalement dans ce que nos métiers attendent actuellement. Il y a là de l’innovation, que ce soit sur les produits comme sur la manière d’appréhender différemment l’agencement. Par ailleurs, notre façon de travailler avec les architectes d’intérieur évolue : nous intervenons de plus en plus en amont des projets. Les architectes font appel à nous pour les accompagner dans la faisabilité de leurs projets, nous nous adaptons à l’enveloppe budgétaire allouée aux travaux en proposant des variantes économiques par exemple, mais ils s’appuient également sur nos connaissances et compétences pour trouver des solutions techniques pertinentes. Savoir que tous nos fournisseurs peuvent travailler main dans la main pour offrir de nouvelles prestations est extrêmement utile.
Espérez-vous que COHOME BELLEVILLE CLUB ne soit qu’une première étape ?
Cassandre Gambart : Absolument ! Nous aimerions qu’il y ait d’autres projets COHOME. Il pourrait d’ailleurs y en avoir plusieurs en région parisienne. Le concept est vraiment innovant et inspirant. Pour les idées ? Nous passons par exemple beaucoup de temps au bureau sans avoir toujours l’opportunité d’exercer une activité physique. Une salle de sport directement intégrée dans un immeuble pourrait être très stimulant pour les usagers !
« Un projet original qui représente clairement l’avenir »
Richard Bagur est architecte d’intérieur. Il a créé son agence il y a 22 ans en centre-ville de Lyon et travaille aujourd’hui avec un associé et sept collaborateurs sur des projets très techniques et très haut-de-gamme. Reconnu pour beaucoup de ses projets, il a notamment été récompensé par Equip’Hôtel pour un projet réalisé à 3 842 mètres d’altitude à l’Aiguille du Midi.
Que vous évoque le laboratoire de l’agencement qu’est COHOME BELLEVILLE CLUB ?
Richard Bagur : Ce projet répond à une logique de notre temps. Je suis un perfectionniste, et là, ce que je trouve intéressant, c’est que chaque équipementier apporte son savoir-faire d’expert. Les architectes d’intérieur, nous sommes des généralistes, nous ne pouvons pas entrer dans le détail. Ce qui est particulièrement intéressant dans COHOME BELLEVILLE CLUB, c’est que les spécialistes que sont les Equipementiers viennent apporter leur pierre à l’édifice pour un projet original qui représente clairement l’avenir. C’est aussi très intéressant de mutualiser les espaces comme on le fait avec le coworking ou le covoiturage. C’est une tendance qui s’affirme de plus en plus.
Quelle est votre vision de la collaboration entre agenceurs et architectes d’intérieur ?
Richard Bagur : Les architectes font de la création alors que les agenceurs font de la conception. Les agenceurs vont nous aider à réaliser nos idées créatives. Ils font de la conception avec nous. La conception pour moi, c’est travailler les plans d’exécution. L’agenceur est là pour magnifier notre création en consolidant un matériau ou encore en réglant les détails de mise en œuvre. L’avantage de l’agenceur, c’est qu’il maîtrise plusieurs matériaux, mais aussi la miroiterie, la quincaillerie, la serrurerie, etc. C’est un partenaire très intéressant, c’est lui qui va trouver les solutions techniques de mise en œuvre. Avec lui, nous formons un binôme d’exécution. Et de savoir que chacun de nous peut compter sur des fournisseurs experts comme les Equipementiers qui travaillent ensemble comme sur COHOME BELLEVILLE CLUB est quelque chose de très enrichissant.
Précisément, des équipementiers qui travaillent ensemble, cela vous donne-t-il des idées ?
Richard Bagur : C’est vrai que cela peut nous donner des idées ! Ce dont nous avons surtout besoin, c’est que les agenceurs nous bousculent. Nous attendons des prescriptions que l’on n’a pas l’habitude d’avoir. Et ce sont les Equipementiers qui doivent nous fournir ces informations. C’est le cas avec le projet COHOME BELLEVILLE CLUB. C’est important qu’il y ait des projets comme celui-ci qui émanent des fournisseurs, des projets qui effectivement nous bousculent. Vous savez, à travers mes projets, je fais de la haute-couture. Je m’imprègne de tous les paramètres de mes clients, leur personnalité, si ce sont des entreprises, leur philosophie, leur produit, leur environnement. Ensuite, je cherche à retranscrire ces éléments en codes architecturaux et créatifs. C’est pourquoi je ne réalise jamais le même projet. Nous avons donc besoin d’innover. Avec des équipementiers innovants qui sont proches de nous, nous pouvons apporter à nos clients une excellence, une expertise et une qualité de prescription.
COHOME BELLEVILLE CLUB vous permet-il une plus grande proximité avec les Equipementiers ?
Richard Bagur : Je trouve, oui. Je travaille déjà en contact direct avec plusieurs d’entre eux. Mais il est vrai que nous souhaitons que les Equipementiers se rapprochent de nous, qu’ils n’aillent pas voir que les agenceurs. Il est important que nous puissions aussi acquérir cette culture équipementiers. Nous avons besoin qu’ils nous forment. C’est primordial que nous puissions aller à la source. Et c’est ce qu’un projet comme COHOME BELLEVILLE CLUB permet de faire !
« L’idée était de rattacher des solutions innovantes à un usage, et non l’inverse »
Label Experience est une agence d’architecture d’intérieur, de marketing et d’identité visuelle créée il y a 6 ans. Delhia Jollivet, responsable d’architecture intérieur, et Marie Llobet, responsable marketing et usage, ont travaillé ensemble sur le projet COHOME BELLEVILLE CLUB. Si elles ont plutôt l’habitude de créer des espaces retail, hospitality ou work, elles ont dû cette fois mixer les usages. Et nous raconte comment !
Comment a débuté l’aventure avec les Équipementiers de l’Ameublement français ?
Marie Llobet : Nous étions à la recherche de partenaires et les Equipementiers nous ont répondu en nous parlant tout de suite de ce projet COHOME BELLEVILLE CLUB. Ils avaient déjà une histoire qu’ils voulaient raconter, celle d’un hôtel touché par la crise sanitaire et qu’il fallait réinventer. La piste du coliving nous intéressait parce qu’à ce moment-là, c’était un secteur que nous n’avions pas encore exploré mais qui nous correspondait. C’était aussi enthousiasmant de se lancer dans cette aventure pour mettre en avant leurs innovations et leurs technologies.
Delhia Jollivet : Ce qui est intéressant, c’est de comprendre ce que fait chaque équipementier, quelles innovations il veut mettre en avant. Il s’agissait d’intégrer dans le projet différents équipementiers sur un même espace, des professionnels qui peuvent travailler en parallèle ou en complémentarité. Il y avait aussi le fait de voir à l’œuvre toutes ces technologies qui peuvent simplifier ou améliorer les choses, qui peuvent permettre d’aller un cran plus loin sur la modularité, la personnalisation. Ce sont des choses essentielles dans les projets que l’on traite.
En travaillant sur COHOME BELLEVILLE CLUB, votre méthodologie a-t-elle changé ?
Delhia Jollivet : Effectivement, car nous avons fait le travail à l’envers ! On nous proposait parfois des produits très spécifiques et nous devions nous demander comment l’utiliser dans le projet. Pendant un mois, j’ai appelé tous les équipementiers pour savoir qui ils étaient, quelle était leur valeur ajoutée, quels étaient les produits qu’ils souhaitaient mettre en avant.
Marie Llobet : D’habitude, nous cherchons à l’inverse le produit qui peut répondre à un besoin, à un usage. Souvent, nous raisonnons par usage ou par utilité sur le lieu. Pour un espace de travail, cela peut être le bien-être des collaborateurs, l’acoustique, la modularité. Ce qui est intéressant avec COMHOME BELLEVILLE CLUB, c’est de se dire qu’on a la solution mais que nous devons la rattacher à un usage pour le coliving.
Quel est selon vous le point fort de ce coliving que vous avez imaginé avec les Equipementiers ?
Marie Llobet : Dans l’aménagement d’abord, il présente des espaces communs qui mélangent vraiment différents types d’usages. Quelqu’un peut lire pendant que deux personnes regardent un film dans la pièce d’à côté. Cela permet aussi de créer du lien entre les habitants. Et après, via les Équipementiers, c’est un lieu où l’on amène de la performance. Il y a par exemple cette salle de réunion très modulable qui peut servir à différents usages. Il y a aussi des revêtements plus résistants. De nombreux éléments facilitent la vie des gens sur place. C’est important parce qu’un coliving c’est finalement un « chez soi » amélioré. On va dans un coliving pour tous les services qui facilitent la vie.
Delhia Jollivet : Le point fort de ce coliving, c’est aussi que c’est un lieu très ouvert et transparent. Il fallait qu’il n’y ait pas trop de cloisonnement entre les pièces. Il y a donc des rideaux, des parois verrières rétractables. C’est un espace que les colivers peuvent s’approprier. Ils peuvent travailler dans la cuisine, manger sur l’estrade, lire sur la table à manger.
En tant qu’architectes d’intérieur, quel impact aura COHOME BELLEVILLE CLUB sur vos futurs projets ?
Marie Llobet : Nous connaissions déjà certains Équipementiers mais nous avons découvert de nouveaux partenaires. Cela va donc nous amener à travailler avec un plus grand nombre, à réutiliser des solutions. Il y a des solutions que nous avions en tête mais pas forcément de cette façon-là. Nous repartons avec de nouvelles opportunités sur des choses que l’on n’imaginait pas possible. Cela nous apporte aussi des alternatives nouvelles par rapport à des solutions déjà existantes que nous utilisions sur nos projets. Cela permet de pousser le curseur un peu plus loin.
Delhia Jollivet : COHOME BELLEVILLE CLUB nous aide à nous projeter sur ce que doit être un coliving. Ce projet nous a enrichis sur certains éléments que nous avons partagés avec le reste de l’équipe. Même s’il est fictif, ce projet donne à réfléchir. Beaucoup de gens, même à l’agence nous ont demandé quand auraient lieu les travaux et où se situait le projet. Nous attendons maintenant le prochain COHOME avec impatience !